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Svalbard
29 juillet - 9 août 2022

Eté 2022, après deux reports dus à l’épidémie de COVID 19, nous partons enfin pour l’archipel du Svalbard (Spitzberg, Terre du Nord-Est et Ile blanche), au pays de l’ours polaire. Le Svalbard est un archipel norvégien situé dans l'océan Arctique, entre le Groenland à l'ouest, l'archipel François-Joseph à l'est et l'Europe continentale au sud. C’est un territoire norvégien autonome. La plus grande île de l’archipel est le Spitzberg, c’est aussi la seule à être habitée.

 

Nous partons avec « Grands Espaces », agence spécialisée des croisières d’expéditions polaires depuis plus de trente ans, et fondée par Christian Kempf. Nous voyageons à bord de l’Ocean Nova, ancien express côtier du Groenland, reconverti à des fins touristiques. C’est le bateau idéal pour naviguer entre icebergs et banquises. Il bat pavillon bahaméen et l’équipage est philippin. Nous sommes 75 passagers à bord.

 

Le chef d’expédition de notre croisière est Christian Kempf en personne, et nos guides spécialisés en milieu polaire sont Vincent Lecomte, Xavier Allard, Maxime Barthelme, Frédéric Bouvet, Alain Desbrosse, Jean-Robert Couplet, Marie Larivière.

Jeudi 28 juillet : nous quittons notre domicile après dîner, pour coucher à l’hôtel à Roissy, y laisser notre voiture sur le parking de l’hôtel et être sur place car nous décollons de bonne heure le lendemain matin.

 

Vendredi 29 juillet : départ de Roissy à 9h05 et arrivée à Longyearbyen dans l’après-midi. Le vol est direct car l’avion est affrété par Grands Espaces.

Une fois nos bagages récupérés, nous montons dans un bus et visitons la vallée de l’Advental, puis Longyearbyen, où nous profitons d’un court temps libre. Le temps est gris et il fait 9 degrés.

Il est 17h, nous embarquons à bord de l’Ocean Nova, accueillis par nos guides. En quittant l’Isfjord, nous avons une présentation de la sécurité à bord suivie par la description de notre croisière par notre chef d’expédition, Christian Kempf. Pour contourner la météo, mauvaise, et le vent, nous naviguons vers le nord-ouest.

Samedi 30 juillet :

Matin : expédition en zodiac dans le dans le fjord de Smeerenbourg. Nous naviguons dans le brash (glace flottante à la dérive), nous voyons des vêlages (avalanches de glace qui s’échappent du glacier et tombent dans l’eau). Nous voyons des mouettes ivoires, des guillemots à miroir.

Après- midi : En navigant sur la côte Nord du Spitzberg, après le déjeuner, nous apercevons une baleine puis le premier ours du voyage ! Il est sur les rochers. Nous descendons les zodiacs et nous nous approchons.

De retour à bord, nous apercevons une femelle ourse et son ourson. Une météo favorable nous invite à sortir après le dessert pour nous permettre de nous rapprocher de la mère et de son petit.

Dimanche 31 juillet :

Matin : Nous nous réveillons dans le Sorgfjord sous un beau soleil et une température très douce de 14°C. Nous débarquons sur la plage d’Elusneset pour visiter un cimetière de baleiniers, observer une croix de 1855 ainsi qu’une hutte de trappeur. Une partie des passagers est partie en randonnée dans la toundra où ils ont pu apercevoir des rennes et observer la flore arctique pendant que la seconde moitié explorait les environs pour y découvrir la dépouille d’un renard polaire, une vertèbre d’ours et des bécasseaux violets.

Après-midi : nous mettons le cap vers la falaise d’Alkefjellet quand nous apercevons deux baleines bleues. Nous continuons vers la falaise à oiseaux d’Alkefjellet En zodiac, nous commençons par observer le glacier d’Audin, au nord, et soudain, nous apercevons un renard polaire. Nous l’observons en train de chercher de la nourriture au pied des falaises et il nous fait même le plaisir de venir nous voir près de l’eau. Nous poursuivons ensuite notre croisière en zodiac en admirant les quelques 150 000 couples de guillemots qui nichent sur la falaise. La scène est magique, avec des oiseaux allant et venant de leur reposoir à la mer pour pêcher et ramener de la nourriture à leurs petits.

Nous retournons au bateau pour diner et nous dirigeons vers le Lomfjord où des ours nous ont été signalés. Après le repas, nous sortons en zodiac pour admirer 7 ours pendant près de 3h. Lorsque nous arrivons dans cette zone, une femelle accompagnée de deux petits est en train de manger quelques débris d’une carcasse de baleine datant d’au moins un an. Cette mère et ses petits laissent ensuite place à un gros mâle qui restera plus d’une heure devant nous.

Lundi 1er août : À l’heure du petit déjeuner la mer est calme, le ciel gris et la température de l’air est de 8°C. Nous arrivons à Torrelneset, afin d’observer une colonie de morses. Nous entrons dans la brume. Malgré le brouillard, nous constatons que les morses sont là, mais nous ne pouvons envisager un débarquement sur la plage en raison du danger d’un ours proche que nous ne pourrions voir. Donc, dès 9h30, nous embarquons à bord des zodiacs pour nous approcher de la colonie habituellement associée à la banquise. Mais en cette période de l’année, les morses choisissent les plages de graviers pour s’installer. C’est donc sur une pointe de sable et galets que nous allons les observer. Nous observons deux groupes d’environ 30 à 40 individus chacun. Les silhouettes massives, avec de petites têtes, de grosses canines et des pustules autour du cou nous indiquent que nous sommes majoritairement face à des mâles. C’est actuellement la période de mue, à la sortie de l’eau, leurs poils de type velours sont gris.

Le début d’après-midi a été marqué par la dissipation de la brume avec une très bonne visibilité, la présence d’icebergs nous indiquant que nous entrons dans un autre monde, celui de la glace. Nous voici donc en Terre du Nord-Est, pour approcher la grande calotte du nord est, la 3e plus grande au monde, d’une superficie équivalente à la Corse avec un front qui se déroule sur 160 km et une hauteur de 20 à 40m tout au long duquel nous pouvons admirer de nombreuses cascades. Notre sortie en zodiac, nous a permis d’approcher ce mur de glace. Deux heures durant, nous avons navigué dans un champ d’icebergs, un univers bleuté, où nous pouvons voir des icebergs en forme d’arches, formes animales ou sculptures géométriques. Nous y avons également trouvé des morses, allongés sur un iceberg.

Mardi 2 août : Nous sommes arrivés tôt devant la gigantesque masse immaculée de Kvitoya « l’île blanche », terre la plus à l’Est de l’archipel du Svalbard, perdue aux confins de la mer de Barentz et de l’Océan glacial arctique, à 1100 kilomètres du Pôle nord puisque nous sommes à 80° de latitude nord, 33° de longitude est. Contrairement aux prévisions météorologiques qui nous promettaient du 15 à 20 nœuds de vent d’est, c’est ce matin une mer quasi d’huile. Nous sortons en zodiac devant le site d’Andréeneset, pointe sud-ouest de cette île de 700 km2, emprisonnée sous son dôme de glace, qui ne laisse dépasser que trois langues de terre libérées de cette chape sur tout son pourtour. Une grosse compagnie de femelles morses, accompagnés de leurs jeunes, se presse sur un minuscule îlot où elles sont à l’abri des ours. Ils sont pourtant là, sur les étendues caillouteuses au pied de la calotte. Nous en observons cinq. Sur le chemin du retour vers notre navire, nous croisons un énorme iceberg blanc-bleuté sculpté par la houle, reposoir d’une myriade de mouettes tridactyles.

Pendant le déjeuner, l’Ocean Nova reprend la route en direction de l’Est pour visiter le second site accostable à Kvitoya, Kraemmerpynten. C’est la dernière langue de terre émergée tout au bout de l’Ile Blanche.  Les conditions météorologiques ne sont pas bonnes sur ce « bout du monde » ouvert à tous les vents, face à la haute mer, à 44 kilomètres seulement de l’île Victoria, en territoire russe, tout comme le reste de l’archipel de la Terre François-Joseph. Décision est alors prise de continuer sur notre lancée en direction de la banquise qui se trouve, selon la dernière carte des glaces, à 14 heures de navigation vers le Nord, dans les parages du 82ème degré de latitude nord, soit à moins de 1000 kilomètres du pôle. Pour le restant de la journée et la nuit prochaine, nous voguons désormais en direction de l’Océan glacial arctique et de ses blancs moutons glacés. L’horizon est parfaitement dégagé, le ciel est gris bleu outremer, typique des mers polaires.

Mercredi 3 août : Notre navire arrive à la banquise à 5h50. La mer est calme, la visibilité parfaite et l’on aperçoit au loin du ciel bleu : une météo idéale pour découvrir ce milieu extraordinaire que peu d’humains ont la chance de parcourir. Nous sommes à 82° 22 Nord et 32° Est, à moins de 900 kilomètres du Pôle Nord. Nous avons parcouru plus de 200 km dans la nuit pour atteindre cette banquise qui se réduit inexorablement année après année. Nous repérons un ours couché à quelques centaines de mètres de la bordure nette de la banquise. En effet, le vent d’Est a rassemblé tous les morceaux de glace éparpillés contre la banquise et la transition entre celle-ci et la mer ouverte se fait en quelques mètres seulement. Non loin de l’ours sont perchés quelques goélands bourgmestres et des mouettes ivoires le survolent. L’Ocean Nova pénètre dans la banquise pour se rapprocher de l’ours. Nous apercevons bientôt la carcasse d’un petit phoque annelé dont il ne reste plus que quelques côtes au milieu d’une tache rouge, avec quatre ou cinq mouettes ivoires qui arrachent les quelques derniers lambeaux de chair restants. Ces mouettes fréquentent uniquement les très hautes latitudes englacées. Soudain une jolie mouette de Sabine à la tête entièrement noire apparaît brièvement à côté du bateau. C’est aussi un oiseau de mer des hautes latitudes circumpolaires mais qui lui, hiverne dans les océans de l’hémisphère Sud. Une dizaine de couples seulement nichent au Svalbard ; c’est un oiseau rare.

 

Après le déjeuner, nous entrons dans une banquise moins dense où nous pourrons naviguer en zodiac entre les plaques, sans trop de difficulté pour la voir d’un peu plus près. La température de l’eau est d’environ 2°C, celle de l’air de 5°C : il faut bien se couvrir. Notre chef d’expédition décide que le navire restera dans la banquise dense pour la soirée et toute la nuit. Soudain, nous observons un, puis deux ours et l’un d’entre eux se montre curieux et se rapproche du bateau. Pas question de naviguer en zodiac tant qu’il y a des ours !

Pendant le dîner, nous découvrons un troisième ours polaire, le vingt et unième de notre croisière, et ce sont trois ours qui sont visibles de l’Ocean Nova à ce moment-là. Nous sommes entourés de grandes et belles plaques de banquise, certaines faisant plusieurs centaines de mètres. Quelle merveilleuse conclusion pour cette extraordinaire journée d’observation du seigneur de l’Arctique en son royaume : la banquise.

Jeudi 4 août : Il est 7h du matin et nous sommes à 82°21’03.54 N. L’Océan Nova commence à naviguer dans la banquise après une nuit au milieu des glaces. Nous naviguons à travers de grandes étendues de banquise disloquée. Vers 11h, nous allons pouvoir nous équiper pour débarquer sur la banquise. Nous mettons les pieds sur cette grande plaque de glace sous laquelle il y a plus de 500 m de fond. Nous prenons le temps de déambuler et d’écouter nos guides nous donner des explications sur ce milieu éphémère. Soudain Jean-Paul aperçoit un ours qui vient dans notre direction. Nous rejoignons les zodiacs et quittons les lieux-en moins de 12 minutes. L’ours curieux arrive à quelques mètres du bateau et de la plaque de banquise où nous étions. Il n’est pas farouche, nous pouvons l’observer de très près. Il s’attaque à une carcasse de phoque déjà bien rongée puis disparaît à l’horizon.

 

L’après-midi, nous partons en direction d’une nouvelle et belle plaque de banquise Nous faisons le tour de la plaque : il y a de belles mares de fonte d’un bleu intense ainsi que de petits hummocks au sommet desquels la vue est magnifique. Durant notre sortie nous avons dérivé de plus de 500m vers le Sud Est grâce au vent et courants marins !

 

De retour au bateau nous continuons notre navigation au milieu des glaces. Il est déjà 19h et le dîner est servi… Durant le dîner un diplôme sera remis à Jean-Paul, qui a repéré l’ours !

Vendredi 5 août : Température extérieure 6°C, Vent 0, Mer calme. Nous nous réveillons ce matin devant le Cap Bruun, au Nord de la Terre du Nord Est. Nous envisageons dès lors une sortie à terre afin de fouler ce sol après avoir vécu dans la banquise près de deux jours. Deux ours en vue : une mère et son ourson. Les numéros 24 et 25 de notre collection d’observation pour cette croisière. Pas de débarquement possible. On part en croisière zodiac pour observer les ours et faire le tour du cap dont les falaises sont envahies par des colonies de mouettes et de guillemots. Un renard bleu parcourt la côte. Nous poursuivons notre route le long de la côte, nous croisons un phoque barbu, puis cap sur le front de glace du Nilsenbreen. Nous observons longuement les séracs, les phoques annelés et quelques morses. Et…un ours est observé à l’est du glacier. Le numéro 26. Retour à bord de notre camp de base flottant pour un repas au chaud après une douzaine de milles parcourus en zodiac.

La zone de tranquillité ne l’étant plus par la présence des plantigrades, l’Ocean Nova fait route vers l’île Alpini et le Fjord de Finn Malmgreen, très isolé et peu exploré (il n’y a aucune sonde sur les cartes marines). Une expédition zodiac s’impose. Une véritable mission d’exploration. Nous partons avec ce que nous pouvons récolter de cartes papiers, nos GPS, un zodiac supplémentaire. 4 zodiacs pour la rive Est, 4 zodiacs pour la rive Ouest. Et… nous apercevons le 27e ours, au repos sur une plateforme herbeuse. Après un temps d’observation, nous mettons le cap au sud. Nous trouvons une presqu’île bordée de plages, parfaites pour un débarquement. A terre il y a des traces de rennes, des vestiges de repas d’ours (morse, phoque), une forêt arctique composée de saules nains sur 25cm² environ.

 

Nous embarquons à nouveau et, un peu plus au sud, nous organisons une marche sur l’isthme qui sépare le Fjord de Finn Malmgreen et le Fjord de Pollen. Un paysage à couper le souffle : une vue sur des kilomètres de pierriers parsemés de toundra et sur les bras de mer. Il est temps de rentrer pour le dîner.

Samedi 6 août : Beau temps calme. Sur une mer bleu-noir, nos embarcations filent vers un cap pyramidal aux falaises vertigineuses et aux dents acérées, coiffées de brume. Dans ces hauteurs, tournoient de nombreux oiseaux de mer : des fulmars boréaux, des mergules nains, des guillemots à miroir, des mouettes tridactyles ou encore des goélands bourgmestres. Ce n’est pas un simple cap rocheux, c’est un monument naturel, une pyramide antique composée de roches multicolores et âgé d’un milliard d’années. Nous sommes au Kapp Platen, par 80°30 de latitude nord. Ce lieu, situé sur la côte nord de la mythique terre du nord-est, abrite un morceau d’histoire géologique de la planète Terre. C’est un récit très ancien, qui remonte bien avant l’ère primaire, c’est-à-dire bien avant la conquête du milieu terrestre par des êtres vivants. À cette époque révolue, il n’y avait pas de vie à l’extérieur des océans, et la surface terrestre continentale ressemblait à un immense désert minéral à perte de vue. Ce matin, le théâtre de notre expédition en zodiac est un fragment ancien d’un fond marin où se situait le Svalbard il y a entre 600 et 1200 millions d’années. Plus intriguant, ces formations rocheuses étonnantes, avec leurs arches résultant de l’érosion marine et leurs plages fossiles qui se sont formées à une époque où, par le jeu de la tectonique des plaques, l’archipel du Svalbard se situait à 40° de latitude sud (oui, SUD !). A cette lointaine époque dont il ne reste que peu de traces sur Terre, d’immenses glaciations ont pratiquement couvert l’intégralité de la planète. En résumé, la planète terre avait un tout autre visage que celle qu’on lui prête actuellement, et cette histoire étonnante a pris place bien avant les mammifères, bien avant les dinosaures, bien avant les premières forêts et bien avant la conquête du milieu terrestre par les organismes aquatiques.

 

Durant l’après-midi, nous approchons pour la première fois un groupe de phoques barbus qui a été aperçu en train de se reposer sur des plaques de glace, avec pour arrière-plan la falaise bleu fluo du glacier du fjord de Bengtssenbukta. Puis, après une navigation de quelques heures sur l’Ocean Nova, c’est une randonnée qui est organisée dans cet autre fjord méconnu, le fjord de Bengtssenbukta, dans un paysage typiquement minéral et austère représentatif du « désert froid ». C’est le nom que l’on donne à cet écosystème des très hautes latitudes où la toundra elle-même a fini par disparaître tant les conditions y sont rigoureuses. Peu de formes de vie subsistent sur ces terres du bout du monde, quelques valeureuses plantes en coussinets et des lichens épars. Cette marche nous amène à un point de vue sur les fjords et lagunes des alentours. De superbes roches sont à nouveau découvertes, à savoir des quartzites à grenats.

Dimanche 7 août : Nous voguons ce matin par une mer d’huile parfaite, noyée dans les nappes de brume qui nous laissent par moments deviner les côtes basses du Woodfjord. Nous nous rendons sur le site de Mushamna : c’est un des sites équipés d’une hutte principale d’hivernage de trappeur avec toutes ses annexes : réserve pour la nourriture et le combustible, chaffaud pour pendre les phoques chassés pendant l’été et destinés à la nourriture des chiens, à l’abri des tentations des ours affamés. Cette cabane fut construite en 1987 par le trappeur Kjell Reidar Hovelsrud, qui traqua le renard polaire jusqu’en 1994, date à laquelle il vendit ce magnifique bâtiment fait de rondins de bois flotté au Sysselmann, le gouverneur du Spitzberg. Non loin de là s’élève toujours la hutte d’Hilmar Nois, trappeur du début des années 1900, venu ici chasser renards polaires, rennes, ours et phoques.

 

Dès le déjeuner terminé, l’Ocean Nova relance ses moteurs pour rejoindre la côte est du Woodfjord, là où s’ouvre vers le sud, le Liefdefjord, la Baye d’Amour. Les écharpes de brume s’accrochent toujours aux reliefs dans ce très ancien bassin d’effondrement où s’accumulèrent, sur plusieurs kilomètres d’épaisseur, les matériaux teintés de pourpre. Issus de l’érosion de la chaîne calédonienne, le Devonien est une période cruciale dans l’histoire de la vie sur terre puisque c’est à cette époque que nos très lointains ancêtres eurent l’idée, en même temps que les plantes, de sortir des eaux à la conquête des terres émergées.

Nous partons explorer le spectaculaire amphithéâtre morainique du glacier d’Erik. Le glacier, en plein retrait depuis 1850, laisse devant lui un lac teinté de rose par la farine glaciaire. Le lac est enfermé derrière l’arc de cercle de la moraine frontale poussée par le glacier lors de son dernier maximum. En chemin, nous admirons les superbes conglomérats multicolores datant de l’érosion de la très vieille chaîne de montagne calédonienne. Du sommet du cordon morainique depuis lequel nous entendons tonner régulièrement le glacier de Monaco, nous redescendons vers un petit lac qui héberge une population de lépidures arctiques, un crustacé branchiopode antédiluvien, présent sur terre depuis 250 millions d’années, au tout début de l’ère secondaire.

 

Après dîner, le capitaine effectue une navigation panoramique devant le front du glacier de Monaco, gigantesque langue immaculée hérissée de séracs géants de plus de 30 mètres de haut, qui, régulièrement, viennent se disloquer en mer, générant d’énormes icebergs et des quantités astronomiques de glace pilée, le brash.

Lundi 8 août : Notre dernière journée est marquée par la brume. L’Ocean Nova arrive à Ossian Sars Fjellet, un escarpement de 362 mètres situé sur la côte Nord du fond de la Baie du Roi (le Kongsfjord, nommé en l’honneur de Louis XIV). Cette falaise abrite une belle colonie nicheuse de Mouettes tridactyles avec quelques Guillemots de Brünnich et les habituels Goélands bourgmestres installés au sein de leur garde-manger. Les bancs de brume se succèdent depuis l’entrée du fjord mais heureusement, la visibilité s’améliore un peu. Suffisamment pour nous permettre une petite randonnée vers les sommets sous une petite bruine fine pour les plus motivés. Nous voyons un renne.

 

Après le déjeuner, notre ultime croisière zodiac nous emmène vers le front de glace du Glacier du Roi. La glace sous toutes ses formes flotte dans une eau teintée de rouge par les roches du Dévonien réduites à l’état de farine glacière par l’écoulement de l’énorme masse du glacier.

 

De retour à bord, notre navire met le cap vers Longyearbyen. Après le diner nous voyons plusieurs rorquals communs et de petits rorquals. Le rorqual commun est la deuxième plus grosse baleine et elle est passé si près du bateau stoppé, que l’on entendait son souffle.

Mardi 9 août : nous débarquons du bateau à 9h00. Visite libre de Longyearbyen jusqu’à 10h30 puis nous décollons pour Roissy. Nous arrivons vers 18h00. C’est la canicule en France. La température dépasse 35°C et nous étouffons dans nos vêtements d’hiver. Nous récupérons notre voiture au parking de l’hôtel et rentrons à domicile, les yeux remplis de belles images, et beaucoup de photos à trier.

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